Maniant le bâton et la carotte, beaucoup d’entreprises s’accrochent à un processus de gestion de la performance ancré dans l’individualisme et dans la rigidité des exercices comptables. Et si nous valorisions le talent au service du projet commun ?
A chacun son objectif
Des termes tels qu’équipe, diversité, inclusion sont à la mode dans les entreprises. Dans notre société rapide, systémique et ultra-connectée, tout le monde chante ces bienfaits pour affronter la complexité de notre époque.
Mais l’individualisme a la peau dure. Soucieuses de performance pour générer la croissance, nos entreprises s’accrochent à un processus de gestion de la performance basé sur la performance individuelle. Au rythme des exercices comptables, les objectifs se cascadent depuis le sommet de l’organisation pour que la performance de chacun puisse être jugée, récompensée ou sanctionnée.
Un système ingénieux où la somme des performances individuelles devrait mécaniquement résulter en la performance collective, généralement exprimée en termes financiers.
A coup d’objectifs et de bonus, nous renforçons les égos, nous créons des silos, nous déforçons le collectif.
En maniant le bâton et la carotte, en prônant la hiérarchie, nous continuons à promouvoir des objectifs individuels rigides. Qu’importe si l’ensemble des collaborateurs performent à 90 % alors que l’organisation ne répond pas à son ambition ! Pourquoi les processus de gestion de la performance restent-ils ancrés dans l’individualisme et dans la rigidité des exercices comptables, en marge de la réalité opérationnelle des entreprises ?
Contribuer à l’enjeu commun
Le moment n’est-il pas venu de promouvoir l’intérêt commun au-delà de l’intérêt individuel ?
Les méthodes agiles fonctionnent différemment et sont sources d’inspiration : collectif, adaptation et relations remplacent individualisme, planification et ressources. Avec des ambitions définies collectivement, des échéances adaptées à la taille de l’équipe, des équipes qui cultivent soigneusement l’énergie collective et individuelle. Au sein d’un collectif animé par un projet commun, la traduction de l’ambition en objectifs collectifs et l’évaluation collective de la performance de l’équipe – de et par l’équipe – semblent relever du bon sens. Chacun y apportant la contribution qui fait sens pour réaliser cet objectif collectif. À une fréquence adaptée à l’objectif plutôt que par rapport à l’exercice comptable. Le feed-back individuel s’exprime alors en termes de contribution personnelle à l’enjeu collectif.
La performance collective est non pas la somme des contributions individuelles mais un démultiplicateur.
En partant du collectif, en inversant la mécanique, nous promouvons l’intérêt commun et mettons en exergue les talents de chacun pour y parvenir. Nous véhiculons une culture d’apprentissage et d’amélioration plutôt que de jugement et de punition. Le collectif, nouveau leader, expulsera spontanément les tire-au-flanc qui ne s’y retrouveront pas.
Bien sûr, tout ceci requiert lâcher-prise, confiance et intérêt commun. Cela exige de prendre soin du collectif, de développer un esprit de solidarité et d’entraide. Quand comprendrons-nous que la réelle force de l’homo sapiens, celle qui nous a permis de nous développer en tant qu’humanité, est sa formidable énergie collective ?