Tel un diable qui jaillit de la boîte où on l’avait soigneusement confiné, le terme VUCA est sur toutes les lèvres. Quelles stratégies adopter aujourd’hui face à la volatilité, l’incertitude, la complexité et l’ambiguïté ? Nous restons ancrés dans le contrôle pour maitriser notre environnement. Cultivons notre capacité naturelle à nous adapter.
Quelle stratégie adopter face au changement ?
Depuis quelques années, il est de bon ton d’utiliser le terme VUCA: nous avons découvert que le monde qui nous entoure change. Il est paraît-il, devenu volatile, incertain, complexe et ambigu. Comme si c’était une découverte ! Oui, l’accès permanent à l’information et à la technologie nous ouvre à un monde plus rapidement accessible, mais de tout temps et partout, le monde a toujours été VUCA.
On se trompe de message. Ce ne sont pas la volatilité, l’incertitude, la complexité et l’ambiguïté qui sont nouveaux. Ce qui est nouveau, c’est la prise de conscience des forces en présence : après avoir tenté de contrôler notre environnement, nous nous devons d’adopter une nouvelle stratégie. Que choisir entre se soumettre, se protéger, contrôler le monde ou s’y adapter ?
Plus l’incertitude grandit, plus nous nous crispons et renforçons nos stratégies de contrôle.
Le monde de l’entreprise a été bâti pour être performant et qualitatif. La plupart des pratiques organisationnelles sont élaborées pour faire mieux ce que ce que l’entreprise fait bien, à plus grande échelle et dans une optique de croissance. Nous nous félicitons quand nous réalisons nos prévisions à la perfection.
Nous privilégions des stratégies de contrôle centrées sur nous-mêmes, convaincus de notre toute-puissance face à ce diable VUCA. Et plus les choses bougent, plus nous renforçons nos stratégies de contrôle. Avec des plans à un, trois ou cinq ans, projections de notre passé, immortalisés dans nos objectifs, industrialisés dans nos processus et nos pratiques. Gardons l’œil braqué sur nos KPIs et notre feuille de route. C’est tellement rassurant.
Le pouls sur le monde extérieur
Puisque nous ne pouvons contrôler le monde, adoptons une stratégie d’adaptation. Nous ne savons pas ce que nous ignorons. A chaque pas, nous découvrons pour ajuster le pas suivant. Nous évoluons de cycles longs d’exécution vers des cycles très courts. D’où l’importance croissante du projet commun, véritable boussole. Un projet dynamique, qui crée de la valeur au sein de son écosystème et non pas pour l’organisation elle-même. Nous évoluons d’une vision centrée sur nous-mêmes vers une connexion permanente avec l’extérieur, intégrant dans notre démarche de nouveaux éléments qui font sens. Nous construisons le futur en prenant sans cesse le pouls du monde extérieur.
Cultivons notre capacité naturelle à nous adapter
L’adaptation est une stratégie plus humble que le contrôle. Bien au-delà des méthodologies et outils, il s’agit de culture, de valeurs, de connexion à l’autre et au monde. C’est cesser de croire que le contrôle et les protections sont la clé pour avancer. Cesser de prôner des valeurs de puissance et d’égo. Pour s’ouvrir vers l’écoute, le lâcher-prise, la confiance. La stabilité n’est plus dans le chemin, elle est dans la connexion au monde.
Sortons de notre confort
A force de plans et d’assurances en tout genre, nous perdons notre capacité naturelle à nous adapter, nous nous fragilisons et nous nous mettons en danger.
Au fil des siècles, notre intelligence a été façonnée pour prendre des décisions rapides dans un monde incertain, des décisions non pas parfaites et rationnelles, mais bien efficaces et appropriées. Nous devons réapprendre à nous adapter.
C’est dans nos croyances et réflexes que ça grince: nous nous disons agile, nous ne vivons pas agile.