Nous attendons du leader un idéal parfait : décideur, exemplaire, inspirant, stratège et organisateur. Et si nous oubliions un peu ce dieu Leader qui entretient une culture d’égo et d’individualisme pour puiser dans la puissance du collectif ?
Le culte du leader parfait
Nos entreprises rêvent d’un leader parfait : décideur, exemplaire, inspirant, stratège, organisateur. Convaincus qu’un homme puissant et fort à la tête de l’organisation est la clé du succès de nos entreprises, nous avons créé le Leader avec un grand L : un Homme ou une Femme qui sait, fédère, montre la voie. Qui a de la stature et de la prestance. Qui avance avec focus et brio.
Beaucoup de dirigeants sont depuis toujours amenés à être plus responsables que d’autres, à se sentir seuls et à ne compter que sur eux-mêmes. Ils pensent devoir être forts. Au-delà de ces traits de caractère, leurs ambitions personnelles de carrière et leur soif de pouvoir justifient des attitudes qui servent parfois davantage le projet individuel que le projet commun de l’entreprise. Autant de tendances que nous avons accentuées au travers du culte de la performance individualisée.
Trop souvent, il y a plus à craindre des guérillas internes et des ambitions personnelles que du monde extérieur
En voulant transformer nos managers en dieux Leaders, nous n’en créons que de pâles icones. Nous exacerbons leur égo. Nous sommes déçus. Qu’attendons-nous réellement d’eux ?
Le climat propice au développement du projet commun
Le dirigeant est le gardien de la raison d’être de l’entreprise, de son projet, de l’énergie collective. Il lui appartient de créer le climat propice au développement collectif. Le climat qui permettra à l’organisation de réaliser son ambition. Qui placera l’enjeu collectif au-dessus des enjeux individuels. Les enjeux stratégiques et opérationnels requièrent un large spectre de compétences. Un travail complexe dont la nature est tout sauf individualiste, exigeant des expertises diversifiées, de la coopération, du feed-back mutuel.
Le plus grand Leader du monde n’est pas équipé en termes de compétences, d’expérience et de talents. La puissance du collectif incarne le Leader d’aujourd’hui.
Le plus grand Leader du monde se doit d’être pluriel. Cherchons les solutions dans l’équipe plutôt que dans l’individu.
L’équilibre entre le besoin individuel et l’enjeu collectif
La solution réside dans la modification de notre relation au pouvoir, qui revient historiquement au mâle dominant. Pour que la magie collective opère, les enjeux individuels et collectifs doivent converger : ce n’est qu’en étant bien avec nous-mêmes et nourris du projet collectif que nous parviendrons à placer réellement l’enjeu collectif au-delà de notre besoin individuel. Oublions ce dieu Leader qui entretient une culture d’égo et d’individualisme. Cherchons les solutions dans l’équipe plutôt que dans l’individu.
En créant le Leader collectif, nous passons du pouvoir centralisé, incarné par l’homme fort, qui sait, contrôle et dirige, au pouvoir pluriel, qui coconstruit, innove et rebondit. Avec des valeurs sous-jacentes de curiosité, de vulnérabilité, d’humilité, d’écoute active, de lâcher-prise. En donnant le pouvoir au collectif, nous ouvrons un incroyable champ des possibles en matière de cocréation et d’exécution.