« Je pense, donc je suis », déclarait Descartes, un classique des best-sellers philosophiques dans la culture occidentale. Dans Nouvelle Terre, Eckhart Tolle critique la prédominance du mental, son rationalisme excessif et cette pensée cartésienne qui, selon lui, relègue au second plan notre véritable essence. Cette philosophie a encouragé la glorification du mental, au point de nous emprisonner dans nos propres cogitations. Bref, une « roue des hamsters » mentale où l’on pense, rumine, compare et recommence. Pour Tolle, l’ego est l’acteur principal de cette comédie tragique. Ce faux-ami n’est rien d’autre qu’un bricolage mental – souvenirs, jugements, rôles sociaux, expériences – auquel nous nous accrochons. Il est au cœur de la souffrance humaine et de la déconnexion, car il nous éloigne de notre essence véritable, qui réside dans la conscience pure et la présence. L’ego se régale de nos pensées compulsives et de ce fameux « corps de souffrance », cet amas d’émotions négatives qui surgit dès qu’une tension pointe le bout de son nez. Vous savez, ce gremlin intérieur qui s’amuse à ressasser nos disputes, nos erreurs ou cette réplique cinglante que vous auriez tellement dû sortir ? Obsédés par nos possessions, nos performances et nos comparaisons, nous nous éloignons de nous-mêmes et des autres. Résultat ? Conflits, relations superficielles, et cette impression persistante que quelque chose cloche, sans trop savoir quoi. Pour désamorcer cet ego, saboteur intérieur par excellence, Tolle nous invite à le reconnaître, à revenir au moment présent et à cultiver une présence consciente. Car notre essence réside dans la conscience et la présence, et non dans nos pensées. En lâchant ce « moi-je » envahissant pour retrouver notre véritable nature, nous développons une perception plus vaste et intuitive de l’identité, fondée sur la conscience pure plutôt que sur le mental analytique. Le lâcher-prise, la non-résistance et l’acceptation deviennent alors des pratiques clés pour atteindre la paix intérieure. En cultivant cet état de présence, nous équilibrons la danse entre la forme (nos actions) et l’espace (notre essence). Ce retour à la présence est un véritable reset. Il permet d’échanger nos angoisses et nos peurs contre une paix intérieure. Les conflits s’apaisent, les relations gagnent en profondeur, et l’on redécouvre les autres comme des êtres humains, et non comme des rôles ambulants. Bref, on quitte la scène de cette mauvaise sitcom pour reconnecter avec une vie plus authentique. Philosophique dans l’écriture, un peu ardu à lire, à lire à petite dose, ce livre interpelle cependant. Nouvelle Terre est une invitation à quitter les projecteurs où l’ego se pavane pour revenir à l’essentiel : vivre l’instant, écouter le silence intérieur, et retrouver une harmonie que le mental ne pourra jamais nous offrir. Et qui sait ? Si Descartes lisait ce livre aujourd’hui, il réviserait peut-être sa célèbre formule : « Je suis, donc je suis. »
«Quand il y a identification complète au mental, un faux sens de soi – l’ego – se met à exister. La densité de l’ego dépend de la mesure selon laquelle vous – la conscience – êtes identifié à votre mental, à votre pensée. La pensée n’est qu’un infime aspect de la totalité de la conscience, de la totalité de ce que vous êtes.»