Réflexions issues d’une table immersive réunissant des leaders d’organisations variées.
La confiance en milieu professionnel, pour quelles raisons ? La littérature nous inonde de tous les bienfaits de la confiance sur la productivité, la créativité, l’apprentissage, et bien d’autres.
Autour de cette table immersive, le déclic s’est fait : Et si la confiance, c’était simplement surtout important pour soi ?
Nos apprentissages durant cette table immersive :
> Confiance en la personne ou en ses performances ?
> La confiance, c’est important avant tout pour soi
> Un choix conscient, influencé par et qui influe sur la culture d’entreprise
Confiance ou méfiance par défaut
Vous avez déjà remarqué ? Lorsque nous nous sentons bien, en situation connue, avec des personnes empathiques et authentiques, nous nous abandonnons naturellement à la confiance. Ce climat propice nous permet d’interagir en toute liberté, d’aller à la rencontre de l’autre, de ses idées, sans barrière. Quand tout semble tellement fluide, cette confiance par défaut enclenche un cercle vertueux, où la relation et la joie ne font que s’amplifier encore et encore…
« Sans confiance, je meurs, je ne m’épanouis plus et je m’en vais » (1)
A l’inverse, mauvaise expérience, regard fuyant, jugement… Tous nos systèmes sont en alerte ! Dans un contexte moins sécurisé, un nouvel environnement, un nouveau chef, un nouveau collaborateur, un nouveau projet, une nouvelle idée … Nous sommes sur le qui-vive ! Le mode méfiance par défaut s’active et nous interprétons les signaux, accumulons les preuves qui nous confirment notre méfiance. Pouvant résulter en tension, désengagement, mal-être, voire à une rupture ou un burnout.
« Faute d’un espace de sécurité collectif, nous nous refermons sur nous-mêmes pour créer notre propre sécurité individuelle »
En milieu professionnel, la confiance avec parcimonie
La séparation vie privée, vie professionnelle, c’est tout un thème ! Enfilant notre masque de travail, nous sommes souvent avares de notre confiance, nous mettons des barrières de protection. Dans cet environnement, nous ne souhaitons pas dévoiler notre être profond, principalement en raison des enjeux personnels. Attention danger, il vaut mieux être prudent !
La confiance « professionnelle » consiste souvent à montrer des signes de reconnaissance et d’encouragement envers les compétences ou les performances d’une personne. Au travers de la reconnaissance, cette confiance apporte satisfaction. Conditionnelle, elle met les barrières pour éviter de se faire duper, de se sentir trahi. Car ce sentiment de trahison, au-delà d’un malaise, peut nous atteindre en profondeur avec des conséquences dévastatrices, affectant profondément la confiance en soi.
Mais qu’en est-il de ce cadre de sécurité mentale permettant de naviguer avec sérénité et plaisir d’explorer ?
En accordant notre confiance « professionnelle », nous nous coupons en deux, nous engageons nos compétences mais pas notre être. Limitée, cette confiance risque d’être épuisante car nous restons à l’affut, contraints de maintenir un niveau constant de compétences et de performance.
Permettre que la proximité s’installe, que le climat de sécurité rayonne, c’est accepter la perméabilité qui existe entre la personne et son milieu professionnel, laisser tomber les barrières, se dévoiler. Considérer la personne dans son intégralité, avec sa vie personnelle, ses émotions, ses coups de blues et ses coups de boost, ses défauts, intégrer ses imperfections, c’est prendre le risque de la vulnérabilité.
« La confiance est une condition sine qua non dans mon environnement de travail. J’y passe tellement de temps. Ce serait franchement bête de me faire du mal » (1)
C’est ce climat de confiance là qui favorise notre bien-être, renforce notre estime de soi, et nous permet d’évoluer dans un état de sérénité. Cette confiance implique respect, authenticité, empathie et offre la possibilité de s’épanouir et de se développer. Elle nous donne ce périmètre de sécurité mentale.
En fait, être juste soi en tant que personne, tel que l’on est.
Faire confiance, ce n’est pas « laisser aller »
Lorsque l’enjeu est grand, le risque élevé, notre vigilance est accrue, et la tentation de restreindre la confiance se fait sentir. Et à l’inverse, dans un élan de « confiance à tout-va», nous pourrions être enclins à ouvrir toutes les vannes, de laisser les choses se dérouler sans contrôle, en particulier en ce qui concerne la circulation des informations. Sous prétexte de confiance, un accompagnement mal ajusté peut engendrer des dysfonctionnements. Ce sont des moments critiques qui peuvent également mener à des ruptures.
Le chemin de la confiance est semé d’embûches, nécessite du temps, demande de se connaitre, exige réflexions et remises en question. Faire confiance exige de calibrer les rôles, l’accompagnement, le contrôle, le feed-back. La lisibilité des enjeux, des événements et des modes de fonctionnement sont des éléments crutiaux pour maintenir et développer la confiance, pour accompagner à juste dose, avec cohérence et respect. La confiance est une démarche volontariste, qui implique la responsabilité de chacun.
« La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres (2) »
La confiance en la performance, en la personne ou la non-confiance peuvent être des choix parfaitement adaptés à la culture de certaines entreprises, à certains contextes, ou à certaines périodes de la vie. Ce sont des choix conscients et qui se doivent d’être explicités. Au-delà de la relation entre deux personnes, la confiance est favorisée par et influe sur les valeurs et la culture de l’entreprise.